L’édito du confinement
Cher∙e∙s tou∙te∙s,
L’ESAAA réouvre progressivement depuis le 11 mai, pourtant nous ne nous sommes pas beaucoup vus – à peine quelques heures ou seulement quelques minutes, alors que vous passiez aux Marquisats.
Toutefois les circulations ont repris, les amis se retrouvent ici et là, et des gestes collectifs peuvent à nouveau apparaître dans nos appartements, dans la rue. Et le premier de ces gestes d’ampleur nationale, en France, aura été, mardi dernier, l’énorme manifestation radicale et pacifiste « Justice pour Adama » : est-ce à dire que les mois d’enfermement ont donné le temps de penser ce qu’il faut changer du monde qui a produit le Covid-19 ? Nous verrons bien… En attendant, nous pouvons d’ores et déjà regarder les productions issues de vos confins – en particulier les « derniers clichés avant la fin du monde » – qui montrent que quelque chose est en train d’apparaître alors qu’une autre chose disparaît.
PS : … En ce qui concerne « Justice pour Adama », l’assassinat de George Floyd et « Black Lives Matter », ajoutons que la pandémie actuelle n’est qu’un contexte dégradé qui rend insupportable une réalité qui était déjà là, et déjà là depuis longtemps. En 1978, la poétesse et autrice africaine-américaine Audre Lorde publiait un recueil de poèmes titré The Black Unicorn dans lequel on pouvait lire « Power », traduit récemment en français dans le recueil Je transporte des explosifs, on les appelle des mots – poésie & féminisme au Etats-Unis (Cambourakis, 2019). Voilà ce qu’écrit Audre Lorde (traduit par Gerty Dambury) :
Pouvoir
La différence entre la poésie et la rhétorique
c’est d’être
prête à
se tuer, soi
à la place de ses enfantsJe suis coincée dans un désert de blessures par armes à feu
et un entant mort tirant son visage noir éclaté
des rives de mon sommeil
le sang qui coule de ses joues et des épaules défoncées
est le seul liquide à la ronde et mon estomac
répugne en imaginant le goût pendant
que ma bouche se fend en lèvres sèches
sans loyauté ni raison
assoiffée de la moiteur de son sang
pendant qu’il plonge dans la blancheur
du désert où je suis perdue
sans imagerie ni magie
essayant de transformer en pouvoir la haine et la destruction
essayant de soigner mon fils mourant par des baisers
seul le soleil blanchira ses os plus vite.Le policier qui a tué un enfant de dix ans dans le Queens
s’est tenu debout au-dessus du garçon aves ses chaussures de flic
dans le sang enfantin
et une voix a dit : « Crève jeune fils de pute »,
il y a des cassettes qui le prouvent. Au procès
la policier a dit pour sa propre défense :
« Je n’ai pas remarqué sa taille rien d’autre
que sa couleur »,
Il y a des cassettes qui prouvent ça aussi.(…)
Accrochage 2.0
- Dernier cliché avant la fin du monde – les étudiant∙e∙s en 1re année
Les étudiant∙e∙s en 1re année ont travaillé individuellement le sujet « Dernier cliché avant la fin du monde ». Vous trouverez ci-dessous une petite sélection de leurs travaux.
– L’ensemble de leurs photos est visible dans le salon Riot : #1APDF:matrix.esaaa.fr
- Spectre et Composition avec filtre jaune de Hugo Joao (2e Design)
À la semaine prochaine !



















